Investir en 2024 et au-delà dans des portefeuilles robustes
Craig Maddock
17 Janvier 2024
Grandes lignes
- Malgré l’incertitude à court terme, selon nos estimations, un portefeuille à croissance modérée possède un potentiel de rendement annuel sur 10 ans de 6,2 %.1
- Grâce à notre processus de répartition stratégique de l’actif, nous construisons des portefeuilles qui visent le rendement le plus élevé possible à un niveau de risque donné tout en étant hautement diversifiés.
- Nos portefeuilles sont stratégiquement conçus pour assurer le succès à long terme et font l’objet d’ajustements tactiques à court terme complémentaires.
Comme le veut la tradition, nous jetons en ce début d’année un regard rétrospectif sur l’année écoulée et tentons d’entrevoir ce qui nous attend; nous y reviendrons en détail dans un épisode à venir de notre balado. Alerte aux divulgâcheurs : l’inflation, les taux d’intérêt et les résultats à court terme seront encore au cœur de la discussion.
Ces préoccupations sont valides (après tout, nous consacrons tout le temps qu’il faut à ces facteurs avant de procéder à des ajustements tactiques à court terme aux portefeuilles de nos clients), mais il importe aussi de garder à l’esprit des considérations à long terme parce qu’elles pourraient être bien différentes.
Comparons, par exemple, nos perspectives sur 12 mois et sur 10 ans.
À court terme, il pourrait y avoir des embûches
Nos modèles et outils, et notre simple jugement suggèrent que dans les 12 prochains mois, le risque d’un ralentissement économique sera plus élevé. Une récession pourrait s’ensuivre. La probabilité que des entreprises aient plus de difficulté à accroître leurs bénéfices ou leurs marges bénéficiaires augmente. Il est difficile de voir ce qui pourrait justifier une augmentation du cours des actions de certaines sociétés ou une hausse continue des ratios cours-bénéfice.
Le risque de ralentissement découle de l’accumulation d’ajustements à la politique monétaire (majorations des taux d’intérêt) appliqués par les banques centrales afin de juguler l’inflation. Même si le cycle de hausse des taux des grandes banques centrales tire probablement à sa fin, ses répercussions sur l’économie mondiale n’ont pas fini de se faire sentir. Plus les taux d’intérêt élevés persisteront longtemps, plus les contrecoups économiques seront importants. La plupart des investisseurs et analystes ont beau s’attendre à des réductions de taux plus tôt que tard, celles-ci seront forcément graduelles et les coûts élevés du crédit pourraient persister un certain temps encore.
La carte mystère dans ce scénario demeure l’emploi. À ce jour, les entreprises s’abstiennent de trop comprimer leurs effectifs, malgré les pressions importantes des coûts. Ce fait est en partie attribuable à la forte demande de main-d’œuvre consécutive à la pandémie. Au fil du temps et de la disparition progressive de la demande excédentaire attribuable à la réouverture postpandémie, les compressions de dépenses imputables à la cherté du crédit percoleront et viendront contracter les bénéfices des sociétés, ralentir la croissance des bénéfices et étouffer l’exubérance des marchés.
L’heure est à la prudence et à la patience, d’où le maintien d’une position légèrement défensive qui consiste à sous-pondérer tactiquement les actions par rapport aux titres à revenu fixe et à privilégier les obligations à plus long terme (sensibilité supérieure aux taux d’intérêt) dans l’espoir de gains si jamais les taux venaient à baisser.
À long terme, ces préoccupations sembleront probablement exagérées
Malgré l’incertitude et la volatilité des marchés, nous continuons d’appliquer rigoureusement notre processus de répartition stratégique de l’actif à long terme. Sur dix ans, nos prévisions sont très différentes de nos points de vue tactiques à plus court terme.
Estimation du rendement sur 10 ans d’un portefeuille de croissance modérée (plus ou moins 60 % d’actions et 40 % de titres à revenu fixe)1 | ||||
Prévisions actuelles | Prévisions de 2023 | Prévisions de 2022 | Prévisions de 2021 | |
Rendement potentiel annualisé | 6,2% | 6,1% | 4,6% | 4,6% |
Écart-type annualisé | 7,3% | 7,3% | 7,1% | 7,2% |
Les données issues d’estimations ne sont pas garanties et sont fournies à titre indicatif seulement. Source : Gestion multi-actifs, Gestion mondiale d’actifs Scotia
Selon notre analyse, un portefeuille de croissance modérée possède un potentiel de rendement annuel sur 10 ans de 6,2 %, avec une variation de rendement possible de 7,3 %1. Ces chiffres ressemblent beaucoup à ceux de l’an dernier, mais constituent néanmoins une amélioration notable par rapport aux années antérieures.
Pour arriver à ces prévisions, nous procédons à des estimations prospectives du rendement de plus de 100 catégories d’actifs mondiaux (y compris les investissements non traditionnels et les placements privés), d’indices de référence communs ou connus, et de stratégies actives (nous reviendrons sur cette question). Ces estimations constituent ce que nous appelons nos hypothèses sur les marchés financiers. Nous décomposons chaque catégorie d’actifs dans ses éléments constituants et étudions leur évolution possible des 10 années à venir.
Exemple : Hypothèses actuelles relatives au rendement sur 10 ans des principaux indices de référence2 | ||
Rendement potentiel annualisé | Écart-type annualisé | |
Titres à revenu fixe en général | 4,2% | 4,4% |
Actions canadiennes | 7,3% | 14,7% |
Actions américaines | 6,5% | 14,3% |
Actions internationales | 6,9% | 14,9% |
Actions des marchés émergents | 8,3% | 18,8% |
Les données issues d’estimations ne sont pas garanties et sont fournies à titre indicatif seulement. Source : Gestion multi-actifs, Gestion mondiale d’actifs Scotia
Pourquoi ces prévisions? Dans l’univers de la gestion de fonds et de la communication de données sur le rendement, il est courant d’inclure aux documents des mises en garde rappelant que le rendement passé ne garantit aucunement le rendement à venir. Pour bâtir des portefeuilles sur lesquels nos clients peuvent compter pour atteindre leurs objectifs financiers, nous ne pouvons simplement pas nous contenter d’analyser les données de rendement historiques (taux de rendement, risques, corrélation).
L’intégration d’estimations éclairées du rendement potentiel à venir s’appuyant sur des analyses et une réflexion approfondies est cruciale aux succès de nos clients en matière de placement.
Forts de ces hypothèses sur les marchés financiers, nous construisons des portefeuilles robustes
À l’intérieur de chaque portefeuille que nous construisons, nous combinons des titres des catégories déterminées en fonction de nos hypothèses relatives aux marchés financiers. Notre processus consiste en partie à bâtir des portefeuilles représentatifs de l’ensemble du continuum de risques et de rendements. Nous définissons ensuite les portefeuilles optimaux (c’est-à-dire ceux qui possèdent le potentiel de rendement le plus élevé à un niveau de risque donné). Nous définissons aussi simultanément les portefeuilles les plus diversifiés (qui offrent la plus faible corrélation avec les vecteurs de rendement).
Notre processus est ensuite appliqué en alternance au portefeuille optimal et au portefeuille le plus diversifié jusqu’à ce que nous obtenions un portefeuille qui se rapproche le plus possible du portefeuille optimal tout en étant le plus diversifié possible. C’est ce que nous appelons un portefeuille robuste. À notre avis, un tel portefeuille optimise les probabilités de succès des placements.
Prévision des stratégies actives
L’approche linéaire est courante en construction de portefeuille. Dans cet exemple, un portefeuille pourrait cibler une proportion de 20 % d’actions canadiennes. S’il applique une approche linéaire, le gestionnaire affecterait alors simplement 20 % des capitaux du portefeuille à une stratégie active d’actions canadiennes.
Toutefois, il faut prendre en considération qu’une stratégie active d’actions canadiennes privilégiera des titres à taux de rendement supérieur, sous-pondérera les secteurs cycliques et comportera un risque global moins important que celui de l’ensemble des marchés boursiers canadiens. Certains pourraient donc s’attendre à ce que la stratégie active ait un rendement à long terme supérieur.
Forts de cette analyse bonifiée, nous pouvons moduler ce poids relatif linéaire de 20 % et construire des portefeuilles susceptibles de faciliter l’atteinte par les clients de leurs objectifs.
Un processus continu
Lorsque nos hypothèses sur les marchés financiers changent de manière substantielle, nous modifions la composition de nos portefeuilles. Par exemple, si nos attentes à l’égard des actions américaines diminuent, des ajustements stratégiques pourraient être apportés aux portefeuilles. Autre exemple, si nous découvrons qu’une nouvelle catégorie de titres pourrait ajouter de la valeur aux portefeuilles des clients, par exemple le capital-investissement, nous trouverons le meilleur moyen de l’intégrer aux portefeuilles. La clé consiste à s’efforcer de maintenir un profil de risque constant avec le temps.
Les changements de ce genre auront probablement des répercussions beaucoup plus importantes sur nos résultats à long terme que les ajustements tactiques à court terme.
Craig Maddock
Craig Maddock, CFP, CFA, gestionnaire de placements agréé et titulaire d’un MBA, est vice-président, gestionnaire de portefeuille principal et chef de l’équipe de Gestion mondiale d’actifs Scotia. Il dirige l’équipe de gestionnaires de portefeuille et d’analystes en placement qui gèrent les fonds communs de placement, les fonds collectifs et les solutions de portefeuille de la société.