La Banque du Canada et la Réserve fédérale des États-Unis laissent encore une fois leurs taux d’intérêt inchangés

Jenny Wng

30 juillet 2025


Points à retenir

  • La Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine ont encore une fois décidé de laisser les taux d’intérêt à leurs niveaux actuels.
  • L’incertitude explique encore une fois cet immobilisme monétaire, mais les deux banques centrales se tiennent prêtes à abaisser leurs taux lorsqu’elles jugeront approprié de le faire.
  • Les deux économies demeurent résilientes, et les marchés boursiers de chaque pays continuent de progresser malgré l’incertitude continue.

En juillet, la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine ont une fois de plus décidé de maintenir leurs taux d’intérêt aux niveaux actuels. Le taux directeur de la Banque du Canada reste donc à 2,75 % et la fourchette du taux cible de la Réserve fédérale demeure de 4,25 % à 4,5 %. Les deux banques centrales demeurent inquiètes des effets éventuels de l’incertitude sur la croissance, l’inflation et d’autres facteurs.

Le commerce encore au cœur des préoccupations de la Banque du Canada

Bien que dans une mesure moindre qu’auparavant, la politique commerciale des États-Unis reste imprévisible. Dans ce contexte, la Banque du Canada a esquissé trois scénarios dans la plus récente édition de son Rapport sur la politique monétaire (RPM). Dans le premier, les droits de douane restent où ils sont (au 27 juillet), dans le deuxième, ils diminuent, et dans le troisième, ils augmentent.

Après une forte croissance au premier trimestre, attribuable à l’augmentation des exportations découlant des commandes devancées pour échapper aux droits de douane, le PIB a diminué au deuxième trimestre. Les exportations ont ralenti après la ruée prétarifaire et la demande américaine de produits canadiens a diminué. Tout bien considéré, l’économie canadienne a fait preuve de résilience.

Si le premier scénario se concrétise, le PIB canadien augmentera d’environ 1 % au deuxième semestre de l’année. Le ralentissement économique persistera jusqu’en 2026 et se dissipera ensuite au fil de l’augmentation de la croissance qui atteindra 2 % en 2027. Dans le scénario de désescalade tarifaire, le rebond de la croissance économique sera plus vif. Dans le scénario d’escalade, l’économie continuera de se contracter jusqu’à la fin de 2025.

L’inflation a légèrement augmenté en juin, ce qui reflète en grande partie la hausse des prix des biens non énergétiques et les prix toujours élevés des logements. Dans le premier scénario, l’inflation se maintiendrait près de 2 %, car la baisse des droits de douane réduirait les pressions inflationnistes. Si, au contraire, les droits sont majorés, les pressions inflationnistes s’intensifieront.

Pour reprendre les mots de la Banque du Canada: « Si l’affaiblissement de l’économie fait peser des pressions à la baisse supplémentaires sur l’inflation et que les pressions à la hausse sur les prix dues aux perturbations commerciales sont contenues, une réduction du taux directeur pourrait être nécessaire. » Pour l’instant, nous continuons de penser que la Banque du Canada va réduire ses taux d’ici la fin de l’année.

Dissension au sein de la Réserve fédérale

Voici en quelques mots la perception de la situation qu’a la Réserve fédérale : « Malgré les fluctuations des exportations nettes qui perturbent les données, selon les indicateurs récents, la croissance économique a ralenti au premier semestre de l’année… et l’inflation demeure quelque peu élevée. » À l’instar de la Banque du Canada, la Réserve fédérale estime encore que les perspectives économiques sont incertaines, ce qu’elle invoque pour justifier son attentisme. Il importe de se rappeler que dans son sommaire des projections économiques (SEP) de juin, la Réserve fédérale avait déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance et à la hausse, ses anticipations inflationnistes.

Dans le SEP de juin, elle a également abordé la question des possibles réductions de taux à venir en 2025, et même si le président Trump s’attend à une réduction dès la réunion de septembre de la Réserve fédérale, le président de la Réserve, Jerome Powell, a insisté sur le fait qu’aucune décision n’était encore prise. Powell a la ferme conviction qu’il faudra un certain temps pour comprendre et évaluer les effets des droits de douane sur l’économie américaine et sur l’inflation. Pour l’instant, nous continuons de penser que la Réserve fédérale va réduire ses taux d’ici la fin de l’année.

Il est intéressant de noter que pour la première fois en plus de 30 ans, plus d’un membre ayant droit de vote a exprimé une opinion dissidente sur la politique monétaire. Deux gouverneurs de la Réserve fédérale souhaitaient en effet réduire la fourchette du taux des fonds fédéraux de 0,25 % dès juillet.

Nous maintenons notre opinion globalement positive des actions américaines

Dans le contexte décrit ci-dessus, les marchés boursiers mondiaux ont poursuivi leur hausse incessante, de sommet historique en sommet historique. Certes, les risques de récession persistent, mais les principaux indicateurs se sont améliorés et les banques centrales disposent encore de la marge de manœuvre nécessaire pour réduire davantage les taux au besoin. Globalement, la conjoncture est favorable aux actifs risqués comme les actions, car l’inflation semble avoir plafonné, la politique budgétaire mondiale demeure expansionniste et la politique monétaire, elle, continue de s’assouplir.

Il s’ensuit que nos perspectives sont modestement optimistes pour les 12 à 18 prochains mois et que nous maintenons une surpondération tactique des actions par rapport aux titres à revenu fixe et aux liquidités dans nos portefeuilles intégrant une répartition tactique de l’actif. Nous continuons d’entrevoir favorablement les perspectives des titres à revenu fixe. Bien que les cours obligataires aient récemment subi des pressions en raison de la hausse des taux de rendement, ces derniers offrent néanmoins aux investisseurs des possibilités de revenu plus attrayantes. Nous pensons malgré tout que le potentiel de hausse des actions est supérieur à celui des titres à revenu fixe.

Les inconnues sont encore nombreuses, et nous continuerons donc de surveiller l’évolution de la conjoncture économique et des marchés pour déterminer la meilleure marche à suivre afin que votre portefeuille connaisse du succès à long terme.

Les prochaines annonces de taux d’intérêt de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale sont prévues le 17 septembre prochain.


Jenny Wang

Jenny Wang, CFA et M.A. en sciences économiques, est gestionnaire de portefeuille au sein de l’équipe Gestion multi-actifs.  Elle est membre de la sous-équipe de gestion totale du portefeuille et se consacre surtout aux titres à revenu fixe.