Baisse des taux d’intérêt au Canada et aux États-Unis à la suite des réunions sur la politique monétaire d’octobre

Richard Schmidt

29 octobre 2025


Points à retenir

  • La Banque du Canada et la Réserve fédérale des États-Unis ont toutes deux réduit leurs taux directeurs de 0,25 % en octobre.
  • Nous pensons qu’il s’agit de la dernière révision à la baisse pour la Banque du Canada cette année, mais nous en sommes moins convaincus pour ce qui est de la Réserve fédérale des États-Unis.
  • Notre opinion demeure plus favorable aux actions qu’aux titres à revenu fixe ou aux liquidités.

À l’issue de deux réunions sur la politique monétaire consécutives, la Banque du Canada (BdC) et la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) ont annoncé une réduction de 0,25 % de leurs taux directeurs. Le taux directeur de la BdC s’établit désormais à 2,25 %, tandis que la fourchette cible du taux des fonds fédéraux se situe entre 3,75 et 4,00 %. Les décisions des deux banques centrales étaient largement attendues compte tenu des préoccupations continues concernant la croissance, le commerce, d’autres enjeux géopolitiques et l’inflation persistante. 

Le commerce demeure une priorité pour la Banque du Canada

La politique commerciale américaine et ses répercussions sur l’économie canadienne se sont précisées. Toutefois, les actions de Washington demeurent plutôt imprévisibles, ce qui maintient une grande incertitude. La situation étant un peu plus claire, la BdC a recommencé à faire des projections de croissance économique dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre. La BdC prévoit une croissance économique canadienne de 1,2 % en 2025 et de 1,1 % en 2026 (dans les deux cas, une révision à la baisse par rapport au taux de croissance de 1,8 % prévu dans le RPM de janvier), et une croissance de 1,6 % en 2027.

L’incertitude entourant les droits de douane et les politiques commerciales continue de nuire à l’économie. Sans surprise, les exportations demeurent faibles, l’effet positif de l’empressement des entreprises à expédier leurs marchandises avant l’imposition des droits de douane s’étant estompé. Les investissements des entreprises manquent également de vigueur. Les secteurs ciblés par les États-Unis, soit l’automobile, l’acier, l’aluminium et le bois d’œuvre, sont particulièrement touchés. Bien que les dépenses des ménages aient augmenté à un rythme sain, le marché du travail affiche une faiblesse persistante. La BdC s’attend toujours à ce que les pressions inflationnistes s’atténuent au cours des prochains mois et à ce que l’inflation se maintienne autour de son taux cible de 2 %.

Elle indique en résumé que « L’économie canadienne se retrouve devant une transition difficile. Les dommages structurels causés par le conflit commercial en réduisent la capacité et engendrent des coûts supplémentaires.  Cela limite le rôle que la politique monétaire peut jouer pour stimuler la demande tout en maintenant l’inflation à un niveau bas. » À l’heure actuelle, nous sommes d’accord avec les projections économiques de la BdC et nous pensons qu’elle ne réduira pas davantage ses taux en 2025. 

Deux baisses de taux consécutives et un marché du travail qui demeure préoccupant aux États-Unis

Aux États-Unis, malgré une croissance économique relativement forte soutenue par la montée en puissance de l’IA, le marché de l’emploi et le taux d’inflation demeurent préoccupants. La Fed considère que l’incertitude économique demeure élevée. Elle a déclaré que « les indicateurs disponibles suggèrent que l’activité économique a maintenu une croissance modeste. La création d’emplois a ralenti cette année et le taux de chômage a légèrement augmenté, bien qu’il soit resté bas jusqu’en août; les plus récents indicateurs concordent avec ces développements. L’inflation a progressé depuis le début de l’année et demeure relativement élevée. »

Une fois de plus, la décision de réduire le taux des fonds fédéraux de 0,25 % n’a pas été unanime : l’un des membres votants aurait préféré ne pas le modifier, tandis qu’un autre aurait voulu le réduire de 0,5 %. De plus, parallèlement à sa décision de réduire le taux, la Fed a annoncé qu’elle mettrait fin au programme de réduction de son bilan (resserrement quantitatif) au début de décembre. Cette mesure devrait soutenir les marchés du financement en permettant la réduction du taux de financement à un jour garanti (le taux d’intérêt auquel la Fed prête aux banques commerciales). 

Après la décision de la Fed de réduire les taux d’intérêt en septembre, nous avions prévu une baisse supplémentaire de 0,25 % d’ici la fin de 2025, et c’est en effet ce qui s’est produit; cependant, on ne peut actuellement exclure la possibilité d’un autre rajustement, car la Fed évaluera une importante quantité de données changeantes pour décider de la marche à suivre.

Une opinion des actions qui demeure globalement positive

Notre opinion demeure plus favorable aux actions qu’aux titres à revenu fixe ou aux liquidités. L’environnement actuel continue de favoriser les actifs à risque comme les actions : l’économie mondiale demeure résiliente et continue de s’adapter à la dynamique commerciale changeante, la politique demeure conciliante, les indicateurs économiques s’améliorent et les banques centrales disposent d’une marge de manœuvre pour réduire davantage les taux au besoin. Les risques ont continué de s’atténuer, mais ils demeurent présents. La concentration des marchés, surtout aux États-Unis, nous préoccupe de plus en plus, mais certains signes donnent à entendre que l’innovation au sein des sociétés à mégacapitalisation soutient un large éventail d’autres entreprises.  

Il s’ensuit que nos perspectives sont modestement optimistes pour les 12 à 18 prochains mois et que nous maintenons une surpondération tactique des actions par rapport aux titres à revenu fixe et aux liquidités dans nos portefeuilles intégrant une répartition tactique de l’actif.

Bien que les actions présentent un potentiel de hausse supérieur à celui des titres à revenu fixe, nous demeurons tout de même confiants quant aux perspectives de ces derniers. Malgré les pressions récentes sur les cours obligataires liées à la hausse des rendements, ceux-ci continuent d’offrir aux investisseurs des occasions de revenu plus intéressantes.

Comme toujours, nous suivrons attentivement l’évolution de la conjoncture économique et des marchés afin de déterminer la stratégie la plus appropriée pour positionner votre portefeuille en vue d’une croissance durable.

La BdC et la Fed feront leurs dernières annonces de l’année sur les taux le 10 décembre. L’annonce de la Fed sera accompagnée d’une mise à jour du sommaire des projections économiques.


Richard Schmidt

Richard Schmidt, CFA, est gestionnaire de portefeuille dans l’équipe Gestion multi-actifs de Gestion mondiale d’actifs Scotia. Il s’occupe principalement de fonds et de mandats d’actions nord-américaines.