Une « belle et grande » mise à jour sur les États-Unis
Richard Schmidt
4 juillet 2025
Messages clés
- La « One Big, Beautiful Act » a été adoptée et a maintenant force de loi aux États-Unis.
- Malgré le tapage médiatique, les marchés américains continuent de s’adapter avec doigté aux changements de politiques, aux conflits géopolitiques et à l’inquiétude suscitée par la dette.
- Nous demeurons optimistes quant aux perspectives des marchés boursiers américains.

Après un vote serré au Sénat, le GOP (pour « Grand Old Party », c’est-à-dire le Parti républicain des États-Unis d’Amérique) a réussi à resserrer les rangs et la « One, Big, Beautiful Act » a été adoptée par la Chambre des représentants. Coïncidence ou non, le président a signé la nouvelle loi le Jour de l’Indépendance des États-Unis.
Nature du projet de loi et raisons pour lesquelles il sème la discorde
Le projet de loi comprend de nouvelles réductions d’impôt et prolonge celles qui avaient été mises en œuvre pendant le premier mandat du président Trump et qui devaient venir à échéance à la fin de l’année. Le projet de loi augmente également les dépenses militaires et le budget consacré à la sécurité des frontières tout en resserrant l’admissibilité à Medicaid et en réduisant l’aide alimentaire et les autres formes d’aide publique. Il comprend aussi une augmentation du plafond de la dette fédérale et étouffe du même coup les craintes de défaut de paiement (plus de détails à venir sur cette question).
Le projet de loi a semé la discorde, non seulement entre républicains et démocrates, mais aussi à l’intérieur même du Parti républicain. Ses partisans affirment qu’en combinaison avec d’autres politiques sur la déréglementation, le commerce (droits de douane) et les dépenses inutiles, le projet de loi favorisera la croissance et permettra au fil du temps de diminuer les impôts, de réduire le coût de la vie, de sécuriser les frontières, de renforcer l’armée et d’amoindrir le déficit. Ses détracteurs affirment que le projet de loi profitera de manière disproportionnée aux entreprises et aux mieux nantis, qu’il réduira l’aide vitale aux personnes qui en ont le plus besoin et qu’il alourdira considérablement la dette nationale.
Quelles seront les répercussions sur les investisseurs canadiens?
L’article 899 du projet de loi, aussi connu sous le nom de « taxe de la revanche », pourrait augmenter les retenues d’impôt sur le revenu tiré d’actifs américains des investisseurs étrangers (y compris des Canadiens) venant de pays réputés taxer injustement des sociétés américaines. Cela dit, nous croyons peu probable qu’une telle taxe de représailles s’applique aux investisseurs canadiens.
Une approche musclée serait en effet contre-productive pour les États-Unis, qui bénéficient à long terme des investissements étrangers dans leurs entreprises et leur économie. L’article 899 est probablement une monnaie d’échange que l’administration utilisera d’une manière parcimonieuse et temporaire pour inciter d’autres pays à réduire le fardeau fiscal imposé aux entreprises américaines.
À titre d’exemple, le gouvernement canadien a récemment annulé la taxe sur les services numériques (TSN) qui devait cibler les grandes entreprises technologiques (comme Amazon et Netflix) et les revenus numériques qu’elles tirent du Canada à la suite des plaintes du président Trump. L’annulation de la TSN rend plus probable la conclusion prochaine d’un nouvel accord commercial entre le Canada et les États-Unis, ce qui réduit d’autant les chances que les investisseurs canadiens soient visés par une taxe de représailles.
En supposant qu’une telle taxe soit imposée aux Canadiens, elle ne s’appliquera probablement qu’aux revenus de dividendes (le risque d’une application plus large existe cependant) et l’indice S&P 500 a un rendement en dividendes très faible de près de 1 %. Dans notre stratégie de placement, nous privilégions généralement les sociétés américaines qui réinvestissent dans leurs propres activités ou qui redistribuent du capital par l’entremise de rachats d’actions. Les Canadiens paient déjà des retenues d’impôt aux États-Unis, d’où notre préférence pour d’autres facteurs de rendement.
S’il est de mise de garder un œil sur le projet de loi « One, Big, Beautiful Bill », celui-ci est loin d’être notre plus grande préoccupation en matière d’investissement.
Quelle est l’ampleur du problème de la dette fédérale américaine?
En mai dernier, l’agence de notation Moody’s a abaissé la cote de la dette souveraine américaine de Aaa (meilleure qualité) à Aa1 (très bonne qualité) en raison des inquiétudes concernant la viabilité à long terme des finances publiques américaines. Certes, l’ampleur de la dette (environ 36 000 milliards de dollars américains), le service de la dette et la réduction de la dette sont des défis qui demeureront au cœur du débat politique aux États-Unis, mais à notre avis, on est encore loin d’une crise. Les marchés financiers semblent de notre avis, car la réaction à la décote a été modérée, à l’instar de ce qui s’est produit lors des décotes de 2011 et de 2023.
Comme il a été mentionné précédemment, l’adoption de la One, Big, Beautiful Bill Act s’accompagnera d’une augmentation de 5 000 milliards de dollars américains du plafond de la dette fédérale, ce qui atténuera dans l’immédiat les craintes de défaut de paiement. Il est toutefois permis de se demander si cette politique ne revient pas à « pelleter en avant » les problèmes. L’idée est cependant de donner à l’administration une certaine marge de manœuvre pour qu’elle puisse continuer à s’acquitter de ses obligations tout en réduisant sa dette à long terme. Compte tenu de l’évolution de la situation, nous sommes d’avis que la dette fédérale ne représente pas actuellement un risque majeur.
Participation américaine au conflit au Moyen-Orient
Notre équipe a toujours considéré que le conflit entre l’Iran et Israël était circonscrit et qu’il était peu probable qu’il ait un effet sur l’économie mondiale. Compte tenu des sanctions mondiales imposées à l’Iran, nous n’investissons pas dans ce pays. Toutefois, si les champs pétroliers iraniens avaient été mis hors production ou si le détroit d’Ormuz avait été bloqué, une pression à la hausse aurait été exercée sur les cours pétroliers et une pression à la baisse sur les actifs à risque comme les actions. De toute évidence, c’est un résultat que toutes les parties souhaitaient éviter : Israël et les États-Unis ne ciblaient pas les champs pétrolifères, tandis que l’Iran ne voulait pas paralyser sa seule source importante de revenus.
Au moment de rédiger ces lignes, les hostilités avaient cessé et le président Trump proclamait haut et fort que « la guerre de 12 jours » était terminée. Il a été ferme dans sa rhétorique en disant qu’il considérait que la situation était réglée. Une fois encore, nous estimons que ce conflit reste une préoccupation relativement mineure pour les investisseurs.
Nous maintenons notre opinion globalement positive des actions américaines
Sur un horizon de 12 à 18 mois, nos perspectives sont modérément optimistes, car on s’attend à des mesures budgétaires plus accommodantes à l’échelle mondiale. De plus, en général, les banques centrales du monde assouplissent leur politique monétaire. Depuis l’épisode de volatilité survenu plus tôt cette année, les marchés boursiers se sont dans une large mesure replacés. Toutefois, nous devons souligner que les actifs financiers demeurent plutôt sensibles à l’actualité.
Dans nos portefeuilles qui intègrent une répartition tactique de l’actif, nous avons tactiquement majoré notre exposition globale aux actions par rapport aux titres à revenu fixe et aux liquidités. La majeure partie de cette surpondération tactique est constituée d’actions américaines, car le soutien budgétaire demeure expansionniste, la croissance des bénéfices reste relativement élevée par rapport à d’autres régions et la Réserve fédérale conserve sa capacité de réduire les taux en cas de besoin. En l’absence de récession, les actions devraient reprendre leur trajectoire haussière à long terme.
En ce qui concerne le dollar américain, la plupart des autres devises se sont renforcées par rapport à lui depuis le début de l’année. Les fluctuations ont moins découlé des différentiels de taux d’intérêt, ce qui suggère un rééquilibrage consistant à remplacer des actifs libellés en dollars américains par ceux d’autres marchés, dont le Canada.
Nous continuerons de surveiller l’évolution de la situation pas seulement aux États-Unis, mais ailleurs dans le monde, pour déterminer si des ajustements s’imposent pour que votre portefeuille soit le mieux positionné en vue d’une croissance à long terme.
Richard Schmidt
Richard Schmidt, CFA, est gestionnaire de portefeuille dans l’équipe Gestion multi-actifs de Gestion mondiale d’actifs Scotia. Il s’occupe principalement de fonds et de mandats d’actions nord-américaines.
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